Assassin's Creed IV n'ayant été qu'une simple mise en bouche cross-gen, les nouvelles consoles accueillent cette fois le premier épisode qui leur est totalement consacré. Mais la précipitation fait déjà du tort à l'éditeur...
Sans compter les spin-off inutiles sur PSP et iOS mais en n'oubliant pas néanmoins
Liberation et
Rogue, notre intéressé
Assassin's Creed Unity est donc le neuvième épisode de la série. En 7 ans. Au-delà de l'enchaînement façon usine à gaz, notons d'entrée qu'il faudra à nouveau se coltiner un entraînement quasi-identique aux huit précédentes fois, donnant envie de crier à Ubisoft qu'il serait temps de prendre compte que les ventes de chaque opus ne sont pas à chaque fois réservées à un nouveau public. Bon, coup de bol, cette lourde phase pour les habitués est cette fois bien intégrée au jeu, un peu comme dans
Assassin's Creed III, et permet de mettre en place un scénario qui débute très bien entre une superbe scène d'ouverture qu'on attendait depuis bien longtemps dans la saga (mais qu'on se gardera de spoilers) suivi de la véritable introduction qui va donc nous conter l'histoire d'Arno, jeune français qui après avoir vu mourir son père puis plus tard l'homme salvateur dont il était la pupille, va se retrouver accusé à tort et enfermé à la Bastille.
Nous sommes alors en 1789 et si vous avez un minimum suivi vos cours d'Histoire à l'école, vous n'êtes pas sans savoir que cette bâtisse va subir le courroux du peuple, la belle occasion pour que notre Arno prenne ses jambes à son cou, accompagné d'un Assassin qui n'a eu aucun mal à remarquer nos capacités. Bon vous aurez compris que le destin de ce nouvel héros est tout tracé et attardons nous donc sur le scénario. Comme les fans le savent, chaque
Assassin's Creed propose une histoire en trois couches, avec tout d'abord celle plus ou moins officielle utilisée en toile de fond. De ce coté, c'est une réussite avec un Paris tout simplement magnifique, de nombreuses têtes connues de nos bouquins (qu'on aura eu largement le temps d'écumer à une autre époque) et quelques sympathiques guests, avec toujours la possibilité d'avoir quelques informations et anecdotes supplémentaires en allant faire un petit détour dans la base de données, décidément très complète.
La seconde couche est bien évidemment l'histoire d'Arno. De ce coté, on a du bon et du moins bon. Le personnage est en soi intéressant et revient un peu aux sources, proches d'
Assassin's Creed II, avec une ambition de vengeance tout en ayant un coté légèrement désinvolte et rebelle. Qui plus est, sa relation avec sa (demi-)soeur Elise de la Serre se montre de prime abord intéressante en sachant la proximité de cette dernière avec l'Ordre es Templiers mais malheureusement, le scénario manque toujours autant de rebondissements entre la mise en place et sa conclusion. On accroche, mais davantage pas l'ambiance, ce qui est presque une routine dans la licence. Reste la troisième et dernière couche : la méta-histoire. Abandonnée en partie depuis le dernier épisode, l'histoire dans le présent était devenue une parodie totalement assumée, Abstergo devenant une sorte d'Ubisoft tandis que l'avatar joué était un simple testeur. Belle mise en abyme qui fut vite rattrapée par la réalité (le lien avec les templiers restant présent) mais permettant toujours de nouveaux délires de la part des développeurs, avec ici l'arrivée des failles temporelles honteusement spoilées par l'équipe en charge de la communication. Pour éviter d'en dire plus, on se contentera de noter qu'il y avait matière à pousser un peu plus le concept, même si l'idée est excellente.
La transition sur la nouvelle génération a non seulement permis une rehausse technique (point que nous verrons juste après tant il y a à dire), mais également coté gameplay. Enfin. Bon bien sûr, les habitués resteront en terrain connu mais on notera quelques changements bienvenes. Les phases en grimpette reviennent aux sources avec les deux boutons (courir + A/X), un choix qui n'a rien d'innocent puisque les développeurs se sont rendus compte qu'il manquait une fonctionnalité depuis le premier épisode : la descente. En effet, fini les retours au sol laborieux faute de charrette de foin en vue, puisqu'il suffit de maintenir la gâchette et B/O pour que le personnage amorce automatiquement sa descente comme un grand. Bien sûr, cette légère évolution n'empêchera pas d'aller parfois là où l'on n'a pas forcément envie, dans la précipitation, mais l'équipe s'en est bien sorti et on appréciera également le coup de la gâchette gauche proche d'une fenêtre pour entrer (plus ou moins) automatiquement dans l'habitacle. Utile vu que le nombre d'intérieurs est démultiplié par rapport aux précédents épisodes.
L'autre évolution vient du système de combat. Une bonne chose vu qu'à force de peaufiner sans cesse celui introduit dans le premier, les développeurs ont fini par offrir une formule tellement carré que les connaisseurs étaient presque invincibles d'entrée d'un bout à l'autre de chaque aventure. Dans les faits, cela reste très proche : un bouton pour les combos, un autre pour la parade, un pour l'esquive et un pour les coups concentrés (à débloquer néanmoins). On passe ensuite d'un adversaire à l'autre en souplesse... sauf que quelques points ont bien changé. En premier lieu, la parade repose maintenant sur un timing précis, d'autant plus si l'on veut placer une contre-attaque et désormais, les indicateurs doivent être pris en compte beaucoup plus rapidement pour savoir à quel moment parer, et à quel moment esquiver. Un système finalement beaucoup plus pointu et Ubisoft Montréal a poussé le vice jusqu'à enlever certaines capacités qui nous rendaient trop puissant par le passé. Ainsi, si l'on dispose encore de quelques objets et d'un panel d'armes à feu (à débloquer encore une fois) ainsi que d'un accessoire équivalent aux fléchettes des précédents, exit la possibilité de désarmer l'adversaire et exit la possibilité de se servir d'un ennemi comme d'un bouclier lorsqu'un autre vous tire dessus. Un défaut pour certains, et une manière de rehausser la difficulté, ce qui n'est pas déplaisant après des années à se la couler douce.
Ce changement d'orientation se ressent du coup dans la progression. Alors qu'à l'époque, les plus méticuleux pouvaient avoir tendance à retourner l'intégralité d'une map avant même de se consacrer au scénario principal, tout a été fait cette fois pour que l'histoire avance en même temps que vos recherches, au risque de sérieusement en suer pour les plus téméraires. Les astuces des développeurs sont nombreuses : zones où les ennemis sont beaucoup plus puissants (mais vraiment beaucoup), édifices inaccessibles... et surtout un personnage qui cette fois évolue en puissance. En tout cas plus qu'avant. Si on retrouve en effet l'achat des armes et pièces d'armures (avec BEAUCOUP plus d'équipement que par le passé), que l'on pourra facilement gruger en boostant rapidement au max son café-théâtre puis en allant regarder la télé en ramassant la caisse de temps à autre (près de 10.000 sousous par heure, ce n'est pas négligeable), ce n'est pas la même chose pour les compétences. De l'augmentation des points de vie à l'utilisation de certains objets utiles en passant par les attaques puissantes de chaque type d'armes, tout se débloque en avançant dans les séquences et moyennant des points de capacités, à débloquer justement dans les missions principales.
De fait, plutôt que de foncer uniquement vers les aspects annexes, on fait un mixe entre les missions scénarisés en picorant de temps à autre le reste. Et il y a de quoi faire entre les missions annexes plus intéressantes que par le passé (en adéquation totale avec l'Histoire), la recherche des coffres dont certains à crocheter, les médaillons à ramasser, les missions en coopération très sympathiques (toutes scénarisées et parfois assez longues) et permettant de débloquer tout un tas d'armes et amures, les phases d'enquêtes qui sortent de la norme... Même les missions principales ont été revues et si une partie restera dans la routine
Assassin's Creed, on remarquera surtout que là encore, un retour aux sources s'opère avec une vraie liberté d'action dans les assassinats, laissant les bourrins y aller de front et les autres observer en détails le décors afin de tenter un kill en toute discrétion. Sachant qu'une fois de plus, les défis annexes liés à chaque mission sont au rendez-vous, et privilégie l'infiltration plus poussée qu'avant grâce (enfin !) à un bouton pour s'accroupir et un autre pour se plaquer contre les éléments du décors. Dommage que comme d'habitude, l'IA est totalement à l'ouest, si bien que les développeurs n'ont même plus pris la peine de donner la possibilité de cacher les corps. Quelle utilité quand un ennemi se contente d'être surpris en voyant le cadavre de son pote pour ensuite retourner se reposer contre un poteau ?
Reste le point graphique. De ce coté, le débat explose plus que jamais mais il faut admettre une chose : le downgrade est bien moins violent que dans
Watch Dogs. Et pour cause, le jeu parvient à être proprement magnifique avec son Paris parfaitement reconstitué, ses textures qui peuvent être tout simplement prodigieuses, certaines plans qui frôlent le photo-réalisme, intérieurs souvent impeccables et, surtout, l'arrivée de la foule massive qui manquait cruellement à l'ancienne génération, faute de puissance. Là, c'est le chapeau bas. Fini le besoin de s'immobiliser en attendant que la console charge peu à peu les habitants dans une zone. Désormais, d'un bout à l'autre, la map est peuplé de mondes, constamment, surtout dans les endroits emprunts à l'émeute, donnant une vraie raison de rester un maximum sur les toits pour évoluer plus rapidement (surtout que dans un soucis de réalisme, les ennemis restent maintenant dans la rue). Oui, ce serait mauvaise langue de dire que Ubisoft s'est reposé sur ses lauriers tant
Assassin's Creed Unity marque réellement le transfert vers la nouvelle génération.
Mais il y a un mais et si vous avez suivi l'actualité, vous êtes au courant. Nous aussi d'ailleurs avec les retours US mais nous n'étions peut-être pas prêt à une telle hécatombe. Qu'on soit clair :
Assassin's Creed Unity est l'un des jeux les plus mal optimisés qu'on ait pu voir chez un gros éditeur depuis des années. Bethesda et sa série
Elder Scrolls mis à part, car hors catégorie. Non content de se limiter à du 900p/30FPS (non stable) sur chaque support, le titre enchaîne les tares à tour de bras : pop-up massive des détails sur les vêtements des PNJ, textures qui disparaissent, Arno qui restent bloqué dans le décors, Arno qui s'immobilise et n'arrive plus à grimper ni à descendre, Arno qui ne veut soudainement plus attaquer, freeze, temps de chargement abusif, brouette de bugs... Et encore, cela peut passer vu qu'en général, une partie des défauts ne se voient qu'en marchant tranquillement (ce qui n'arrive pas souvent) et les blocages pas non plus constants (on peut passer des heures sans un seul problème) peuvent être contournés avec un retour au dernier point de téléportation. Mais même avec ça, l'expérience n'était pas optimale avec de notre coté des serveurs uPlay constamment en rade, soit de temps à autres avec le jeu lui-même (empêchant la coop), soit avec la compagnon-App (qui refusait de se synchroniser avec la console 90 % du temps sur 5 jours intenses de test), ce qui a de quoi faire rager vu que cette dernière est obligatoire pour débloquer l'accès à une bonne partie des coffres du jeu. Messieurs, on attend maintenant les patchs. Et finissez votre jeu la prochaine fois.
Les plus | Les moins |
+ Paris, magnifique
+ Graphiquement de haute volée
+ Enfin la foule !
+ Arno, plutôt cool
+ Une pléthore de détails historiques
+ Contenu à gogo
+ Le coop, un vrai plus
+ Retour du challenge
+ L'infiltration mieux foutue
+ La personnalisation plus poussé
+ Les failles, bien trouvées... | - … Mais pas assez exploitées
- Encore des imprécisions
- L'IA, décidément...
- La Meta-Histoire totalement larguée
- L'optimisation, OULA !
- Les bugs, WOW !
- Des patchs, VITE ! |
Conclusion : On pourrait dire non sans une certaine ironie que cet Assassin's Creed Unity n'a rien d'une révolution. Pour autant, il s'agit clairement d'une évolution sur de nombreux aspects, tout en misant (paradoxalement) sur le retour aux sources sur d'autres points. En ressort un épisode franchement réussi, complet de bout en bout et qui pose de belles bases pour l'avenir, particulièrement dans son moteur, sa personnalisation et son mode coopération. A conseiller vivement, même aux fans qui ressentaient un peu de lassitude devant Black Flag (ou Rogue) mais pour l'heure, tant que les serveurs ne sont pas au poil et que les patchs ne sont pas tombés, vous pouvez malheureusement enlever un point à la note finale.