On pensait la lutte contre le marché de l'occasion derrière nous après la guerre livrée sur la génération précédente. Les souvenirs sont encore douloureux concernant les Pass Online et autres codes à usage unique et les déclarations des officiels se font aujourd'hui plus discrètes, que ce soit chez Quantic Dream qui à l'époque se plaignait qu'il y avait plus de joueurs ayant touché à Heavy Rain que de jeux vendus, ou pire encore chez Codemasters qui se léchait les babines en déclarant qu'un jeu sans son pass online devait ressembler à une simple démo jouable.

Bref, de l'eau a coulé sous les ponts et certains vont même jusqu'à se racheter une bonne image auprès des joueurs (EA, Square Enix…) en osant mettre en place dans certains de leurs titres ce qui était encore inimaginable il y a moins de cinq ans : des DLC gratuits. Folie.

Et pourtant, l'affaire explose à nouveau dans le secteur, non pas par le biais d'un quelconque éditeur mais directement depuis notre cher gouvernement. Pour comprendre, il faut remonter en 2013 avec une déclaration posée par Alain Rodet (député PS Haute-Vienne) envers le ministère de la culture, et qui pointait justement du doigt la lutte cachée des éditeurs contre l'occasion avec la mise en place des fameux Pass Online.

Deux ans plus tard, soit largement le temps de peser la question et de voir Aurélie Filippetti passer de ministre de la culture à « frondeuse » c'est donc Fleur Pellerin qui monte à la barre pour enfin apporter une réponse, pour le moins surprenante. A l'heure où l'occasion est d'une normalité absolue (à l'instar du marché des films ou même les livres) et que les revendeurs souffrent encore plus que des Stark dans Game of Thrones, notre ministre prend finalement la défense des éditeurs.

Pas de loi en vue sur la lutte contre l'occasion, mais tout simplement un feu vert implicite sur la politique des DRM et tout autres façons de bloquer l'occasion, Mme Pellerin qualifiant ce marché de « préjudiciable » pour le développement de l'industrie, tout en rajoutant que la lutte contre l'occasion a permis de faire baisser le piratage dans ce secteur. Pas de chiffres pour appuyer ces dires, et on se contentera de la bonne foi des analystes probablement très bien payés pour cela.

Bref, le débat reste ouvert sans être pour autant utile. Car à mettre deux ans à répondre à une simple question, notre gouvernement n'aura du coup pas remarqué que :

1) Les éditeurs ne luttent plus contre l'occasion.
2) Les nombreuses soldes online, le dématérialisé, les sites comme Amazon et les baisses de prix rapides sont de meilleurs arguments pour acheter neuf que de placer des DRM dans tous les sens.
3) Après la tôlée reçue par Microsoft sur l'anti-occasion (ou du moins « l'occasion contrôlée »), qui osera se relancer de suite dans cette croisade ?