Jeune avocat d’un cabinet sans grande prétention, Takayuki Yagami a bousculé son entourage en parvenant à faire ce qu’on ne voit pas dans 99 % des autres affaires judiciaires : faire pleinement innocenter et donc acquitter son client. Le genre de choses qui peut vous élever vers des sommets si un point de détail n’était pas venu faire effondrer l’édifice, car vos talents et vos arguments ont été bien au-delà des faits réels. Votre client était bien coupable, et a profité de sa liberté retrouvée pour assassiner sa compagne. Dans le monde actuel, n’importe quel routinier des barreaux et des plateaux télés mettrait ça sur la faute à « pas de bol » avant de courir vers une autre affaire, mais Yagami a lui usé de son honneur pour raccrocher les gants et embrasser une carrière de détective privé, job certes moins bien payé mais qui lui permet au moins de pouvoir choisir qui défendre tout en pouvant continuer à se regarder dans un miroir.
Si
Judgment est une nouvelle licence et peut sans problème être prise comme telle, ni les développeurs ni l’expérience ne cachent le fait qu’il s’agit d’un pur spin-off de la franchise
Yakuza. Des yakuzas qui sont d’ailleurs constamment mis en avant dans le scénario, que ce soit pour Yagami qui est proche du clan Tojo, votre meilleur pote Kaito qui en a carrément fait partie il y a quelques années, et tout simplement le scénario principal qui débute lorsque plusieurs représentants d’un clan rival au précité sont retrouvés tués avec les yeux arrachés, prémisses d’une guerre qui risque de frapper les quartiers de Kamurocho. Oui, toujours la même zone qu’on nous ressert depuis des années, certes magnifiques et bourrés de détails et de vie, mais il serait peut-être temps un jour d’élargir cet aspect que les fans de
Yakuza connaissent aujourd’hui par cœur.
D’ailleurs de
Yakuza, on en retrouve également le ton qui varie totalement d’une séquence à l’autre. Le fil rouge est digne d’un polar, porté par un casting proprement prodigieux qui sue le charisme, des cinématiques en surnombre, des rebondissements et surtout une ambiance très sombre qui ne lésine pas sur les séquences fortes. A coté de cela, il y a parfois des affaires plus légères (et plus courtes) qui servent à faire retomber un peu la pression et surtout montrer que la vie de Yagami n’est pas faite que d’un seul dossier. Et il y a tout le reste. Le coté « jeu vidéo décomplexé » diront-certains, devenu une habitude pour les connaisseurs, où l’on se cogne avec des auras fluos, où l’on pourchasse un pervers fan de culottes, où l’on va faire en sorte de tenir l’alcool pour discuter plus longtemps avec une prostituée…

Kamurocho n’est pas seulement peuplé de vie, il va également bouffer votre temps de vie. Car si le jeu peut facilement se terminer en une vingtaine d’heures, bien peu atteindront les crédits de fin avec ce compteur tant on est toujours aimanté vers des activités annexes. Des amitiés à créer, des relations plus intimes, des détours dans les bars ou autres pour s’adonner aux fléchettes, à la frappe de balle, au poker ou à des mini-jeux bien plus compliqués pour le commun des mortels (le Mahjong et ses 30 pages de règles à lire…). Même entre deux dossiers pourtant totalement annexes mais souvent rigolos, on arrive encore à se détourner pour tenter des courses de drone, et squatter les habituelles salles d’arcade toujours riches, avec des versions complètes de
Space Harrier,
Fighting Vipers,
Motor Raid et même
Virtual Fighter 5. Et si ça ne suffisait pas, on nous ajoute également une sorte de jeu de l’oie qui peut rapporter beaucoup de pognon, et un shoot-sur-rail façon
House of the Dead, malheureusement pas bien jouable avec un pauvre stick, mais qui continue de nous faire fantasmer pour un nouvel épisode aux PS Moves, avec ou sans VR (si possible en VR, svp).
20h donc ? Rien du tout, misez bien sur plus d’une quarantaine d’heures pour en voir suffisamment et avec un réel intérêt puisque même en mode normal, Judgment peut avoir de forts pics de difficulté. Mieux vaut donc avoir l’argent pour acheter des petits plats à emporter pour vous soigner quand il faut (voir des trousses de secours qui coûtent une fortune), et surtout multiplier actions diverses et choses secondaires pour gagner des PA à dépenser pour acquérir tout un tas de compétences. Certaines se contentent des fondamentaux néanmoins indispensables (augmenter votre vie, force et vitesse), d’autres vous proposent de nouveaux coups et combos pour vos deux styles de combat, et il y a les plus accessoires mais qui méritent de l’attention comme pouvoir augmenter plus rapidement les jauges d’amitié, pouvoir plus facilement crocheter, mieux maîtriser son drone…

Et forcément, tous ces éléments mis bout à bout incarnent les situations que vous allez rencontrer dans l’aventure. On distribue très souvent des coups car Yagami est spécialisé dans l’art de faire fermer sa bouche aux plus réticents, mais on aura également d’investigation et de recherche de preuves (avec votre téléphone ou depuis votre drone), des dialogues où il faudra poser les bonnes questions et parfois trouver les bonnes réponses, des moments où l’on doit se déguiser pour infiltrer un endroit, d’autres où l’on doit suivre discrètement une cible (des passages d’ailleurs assez nuls, il faut le dire…). Ce n’est pas le jeu qui propose le plus de variété mais il fait au moins quelques efforts à ce sujet, même s’il faut prendre en compte que
Judgment reste avant tout ce qu’il est : un jeu narratif.
Et c’est là le principal défaut qui pourra énerver. Même en mettant de coté la zone recyclée depuis des années, un moteur physique un peu chelou et un rythme parfois en dents-de-scie, cette nouvelle production reste comme les précédentes du studio, à savoir un titre incroyablement linéaire. La brouette d’activités secondaires sert d’écran de fumée car si, effectivement, vous pouvez faire un peu ce que vous voulez entre deux missions (même s’il faut avancer pour débloquer certaines choses), une fois dans le nerf du scénario, vous êtes pieds et mains liés sans la moindre forme de liberté ou de réflexion. A de rares choix près, il faudra faire et agir exactement comme les développeurs l’ont prévu, ce qui pourra légitimement être dérangeant pour ceux qui penseront avoir affaire à un jeu d’enquête et d’infiltration, moins si vous êtes pleinement habitués à ce style typiquement japonais, déjà vus dans les
Yakuza (forcément) mais également dans des titres comme
DanGanRonPa où l’on préfère vivre le scénario que le construire.
Mais deja si je la rebranche, ce serait pour finir Yakuza 6 merde
N'ose pas rebrancher ta pauvre PS4 pendant la canicule.
J'ai encore le test de Bloodstained à taper mais je sais même pas encore comment je vais faire pour Crash Team Racing que je n'ai toujours pas allumé
Les 2 premiers "moins" pour moi ne n'en sont pas surtout pour un joueur habitué des Yakuza justement
J'aime voir et revoir Kamurocho
fini en 60h j'ai autant kiffé que lorsque Yakuza 3 et Kenzan son sortie
Ça serait comme reprocher à un match de foot de durer toujours 90min.
Je parlais pas de la linéarité scénaristique mais dans le gameplay.
Par exemple, dans une situation donnée d'infiltration, on ne te laisse jamais vraiment le choix dans la façon de procéder. On t'impose la phase de drone, la phase de crochetage, celle où t'es déguisé, le besoin de passer par là, etc. En bref, des séquences placées bout à bout sans le choix de "J'ai envie de faire comme ça."
Je trouve pas cela dérangeant, mais on doit notifier la chose pour les gens qui aiment la liberté d'action afin de savoir à quoi s'attendre.
Bah tu sais, tu peux mettre en mode facile et te contenter de l'histoire principale, soit une vingtaine d'heures.
Et sans du coup trop leveler les compétences faute de PA, le mode facile deviendra pour toi un mode normal.